Faux self

La notion de Faux-Self

La personnalité de camouflage, a été définie par le pédiatre et psychanalyste Winnicott par les mots « faux-self » et personnalité « comme si » (ce sont deux concepts différents).

Pour lui, il y a chez chacun d’entre nous un vrai-self et un faux-self.

Le vrai-self est ce qu’il y a d’authentique chez nous, lorsque l’individu a confiance en lui et en son environnement. Lorsqu’il laisse libre cours à sa spontanéité et n’est pas dans le contrôle de lui-même.

A l’inverse, le faux-self est ce que les gens perçoivent de l’extérieur, ce qui découle de notre éducation. C’est une personnalité contrôlée, qui permet de s’adapter à l’environnement.

Nous avons chacun un vrai-self et un faux-self, en revanche la relation entre les deux est très différente selon les gens.

La relation vrai-faux-self la plus saine, c’est lorsque le faux-self permet à la personne de s’exprimer en société en respectant les conventions, en se contrôlant un minimum, mais qui laisse le vrai-self s’exprimer dès lors que l’individu en exprime le besoin.

En quelques sortes, le faux self protège le vrai self d’un environnement potentiellement nocif ou exigeant.

Parfois, en raison d’un environnement familial compliqué, d’une enfance malheureuse ou d’un contexte peu favorable au développement de l’enfant, le self n’a pas pu se construire. Il est défaillant. C’est dans ce cas là que la personnalité « comme si » prend le relai. Pour lutter contre le vide laissé par l’absence de self solide, et contre l’angoisse qui l’accompagne, une personnalité de substitution va faire comme s’il y avait un vrai et un faux self, comme si tout était normal. Comme si le faux self était là pour protéger le vrai self d’un environnement nocif. 

Le faux-self chez les zèbres

Le problème, c’est que les zèbres perçoivent souvent un environnement menaçant et se sentent en permanence obligés de protéger leur vrai-self, en utilisant un faux-self.

C’est pour eux un mécanisme de défense.

Ils ne se sentent pas à leur place, ont peur de la réaction des gens car ils pensent que l’on attend d’eux quelque chose de spécial (ce qui est rarement le cas en fait, mais les zèbres réfléchissent beaucoup trop) et savent que leur vraie personnalité ne correspond pas à ces attentes.

Ils trouvent trop risqué de montrer cette vraie personnalité.

L’entourage, lui, s’il ne comprend pas très bien la différence du zèbre, va lui demander de faire des efforts pour s’adapter à ce monde dans lequel il ne se retrouve pas.

Les zèbres vont donc chercher, en utilisant un faux-self, à devenir conformistes, à adopter le comportement qui va plaire aux autres (selon eux!), et à satisfaire leur entourage et les gens en général.

Pourquoi ? Parce que rappelez-vous, tout ce qu’ils font, ils le font pour satisfaire leur besoin vital d’être aimés.

Par peur d’être rejetés. Seuls. Abandonnés. Incompris.

Quitte à changer leur comportement pour être désirable aux yeux des autres, et ainsi se sentir en sécurité.

Quitte à se concentrer sur les attentes extérieures en oubliant leur propre personnalité.

Ils font comme si tout allait bien.

Comme s’ils étaient très à l’aise dans cet environnement.

Comme s’ils avaient confiance en eux.

Grâce à ce faux-self, ils s’intègrent à la norme, paraissent rentrer dans le moule. Ils s’adaptent.

Ce faux self correspond à ce que la société, leurs professeurs et leurs parents veulent qu’ils soient.

Mais pas à ce qu’ils sont vraiment.

Sont-ils alors vraiment heureux ?aa

Les dangers

Tant que leur vrai-faux-self est relativement équilibré et leur permet de préserver leur personnalité et leur spontanéité sans l’écraser, tout va bien.

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En revanche, le danger, c’est lorsque le faux-self phagocyte le vrai-self. (ou, comme vu plus haut, qu’une personnalité de substitution a pris la place d’un self défaillant)

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Le zèbre est tellement persuadé qu’il ne peut pas être lui même que son faux self prend trop de place et étouffe son vrai self. Petit à petit, le camouflage devient inconscient. C’est beaucoup plus profond. Le comportement du zèbre s’est modifié.

Son vrai self est devenu inaccessible.

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Pourtant, son faux self peut susciter l’admiration. Il a réussi à s’adapter, il est très entouré, très sociable, peut-être même brillant. Le vrai-self se sentira alors de plus en plus mis à l’écart.

A trop essayer de plaire aux autres, à trop vouloir gommer la différence, on s’interdit inconsciemment d’être soi-même.

Dans ce cas extrême mais tout de même assez fréquent, il arrive toujours un moment où le zèbre n’arrive plus à faire face à ce contrôle permanent de lui même. Il paraîtra coupé de sa personnalité, de ses sentiments réels, vide.

Il est en souffrance, mais ne peut pas l’exprimer car tout est sous contrôle.

Alors, sa souffrance trouve un autre moyen d’expression. Le déni de ses émotions mènera malheureusement à la somatisation, l’angoisse, la honte, la dépression, la culpabilité, l’hyper-réactivité, la susceptibilité, l’absence, la colère (envers soi-même souvent), l’agressivité même parfois, mais bien souvent la solitude. (Et ça tombe bien, c’est le sujet du prochain article 🙂 )AA

PS : il est important de se rendre compte que cet équilibre vrai-faux-self est essentiel. Et que si une grande partie des zèbres va avoir tendance à un moment donné à sur-développer leur faux self, ce n’est pas éternel, les choses peuvent (et doivent) changer. Il faut simplement s’en rendre compte pour travailler dessus ensuite et veiller à ne pas s’oublier soi-même.

Copie article cf : https://www.rayuresetratures.fr

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